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La Mode
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Le terme de ‘mode’ existe depuis longtemps. On l’utilise déjà au XVIIe siècle et sans doute avant. Il signifie la même chose qu’aujourd’hui.

HISTOIRE DES MODES FRANCAISES. Molé, Guillaume-François-Roger, Histoire des Modes Françaises, ou Révolutions du costume en France, Depuis l’établissement de la Monarchie jusqu’à nos jours. Contenant tout ce qui concerne la tête des Français, avec des recherches sur l’usage des Chevelures artificielles chez les Anciens, Amsterdam et Paris, chez Costard, Libraire, rue Saint-Jean-de-Beauvais, 1773, in-12 (16,6 x 10cm). 1 ère édition. Edition originale dans sa couverture en cuir d’époque usagée avec quelques manques ; mais intérieur très frais. Ce livre contient : Préface, page 1 : Des Cheveux des Français, page 145 : De la Barbe des Français, p. 209 : Recherches sur les Chevelures artificielles des Anciens, p. 251 : Histoire des Perruques, p311 : Pièces justificatives, p 354 : Observations importantes. Cet ouvrage de la fin du XVIIIe siècle est tout entier consacré à une histoire de la Mode en France, celle des vêtements et des coiffures.



SUR LES MODES. Modèles de conversations pour les personnes polies, par M. l’Abbé de Bellegarde (1648-1734), sixième édition, augmentée d’une ‘Conversation sur les Modes’, à La Haye, chez Guillaume de Voys, 1719. 76 mm x 136 mm, 418 pages, couverture cartonnée du dix-huitième siècle. Le livre est complet et dans un bon état général : page 4 petit bout de papier blanc manquant et page 10 déchirure n’endommageant pas la lecture du texte ; des pages sont un peu jaunies et quelques-unes ont des rousseurs, quelques petites usures d’usage. Avec un Avertissement, un Avis du libraire, une Table des conversations, le corps du texte et une Table des matières. Les chapitres sont les suivants : Sur les désordres des Passions, Sur la Morale, Sur des Points de Politique, Sur les Vertus Héroïques, Sur le Commerce des Femmes, Sur la lecture des Romans, Sur les Etudes, Sur les Intérêts des Princes, Sur la Politique, Sur des Vertus Historiques, Sur des Matières Ecclésiastiques, Sur les Modes. Conversation de trois amis Arsenne, Ariste et Timante sur différents thèmes. Le chapitre Sur les Modes (pp.342-386) est le plus intéressant pour notre sujet. Il passe en revue modes étrangères et françaises. Passages (l’orthographe a parfois été modifié mais pas la ponctuation) : « Il n’y a point de plaisir plus exquis, ni plus délicat, que celui que l’on goûte dans le commerce des personnes agréables, qui ont du bon sens & de la raison… » « Les personnes de l’érudition la plus profonde ne sauraient bien débiter ce qu’ils savent, s’ils n’acquièrent cette habitude dans le commerce des personnes polies. La bonne grâce, la contenance, l’action, le geste, ne se façonnent point dans un Cabinet, ou parmi des Pédants. L’art de parler juste & à propos, de ne point mêler une Langue avec une autre, pour en faire un langage barbare, savoir louer ce qu’un autre désapprouve, & désapprouver ce qu’un autre loue, sans paraître entêté ou contredisant, le discernement du Pédantisme d’avec la Science des honnêtes gens, tout cela s’apprend mieux dans la Conversation des femmes spirituelles, que par le secours des Livres. Il y a même une certaine Science délicate de beaux sentiments, où elles excellent… » « Depuis que les femmes se sont avisées de se servir de fers, pour soutenir la pyramide de leur coiffure, qui est une espèce de bâtiment à plusieurs étages ; elles ont tellement enchéri sur cette mode, qu’il n’y a plus de porte assez élevée pour leur donner passage sans baisser la tête. […] Quoique les Français aiment je ne sais quoi d’aisé & de galant dans leurs habits, ils aiment encore mieux ce qui est commode. Ils se sont défaits de tout cet embarras de rubans, dont leurs habits étaient couverts depuis le haut jusqu’en bas, & qui étaient d’un grand ornement pour la jeunesse : ils se sont si bien trouvez des chausses étroites & serrées, qu’ils ont renoncé pour jamais à ces grands Canons, où leurs jambes étaient comme des entraves, & à ces hauts de chausses plus larges que des cotillons. Nous voulons que nos habits se ressentent de l’air aisé, que nous avons dans nos manières. […] Croyez-vous, demanda Timante, que ce soit une chose fort utile, que ce grand nombre de points, & de dentelles qui sont si fort au goût des femmes, & qui leur coûtent des sommes immenses ? Est-ce que le beau linge tout uni ne les parerait pas également ? […] Quoi qu’il n’y ait pas une fort grande différence entre le point & le linge fin ; il faut cependant convenir que les dentelles sont d’un grand ornement, & c’est pour cela que les femmes, qui sont si attentives sur tout ce qui peut relever leur beauté, & lui donner quelque lustre, en sont si curieuses. […] N’aiment-elles pas à avoir le visage reluisant de pommade, & caché sous le rouge et le blanc, […] Je ne puis souffrir ceux qui louent à tout propos, la belle couleur des cheveux de leur Perruques, & la manière propre, dont ils sont mis en œuvre : En ont-ils plus de mérite pour se servir d’un Perruquier habile en son métier ? […] Est-ce par affectation, dit Arsenne, que certaines femmes font semblant de n’être jamais contentes de leurs parures, elles sont toutes chagrines, en sortant de leur toilette, quoiqu’elles y aient employé la moitié de la journée, & toute l’industrie dont elles sont capables pour se mettre à leur avantage ? Quelques-unes répondit Ariste, ne parlent de la sorte, que par une pure affectation, quoiqu’elles soient fort contentes d’elles-mêmes ; elles se plaignent de la négligence, ou du peu d’habileté de leurs femmes de chambres ; elles font à peu près comme celles, qui ayant la taille fort belle, ou les yeux parfaitement beaux, disent à tous moments, qu’elles n’en sont pas contentes, afin qu’on les regarde avec plus d’application, & qu’on leur donne les louanges, & les applaudissements qu’elles attendent. » Sur les Modes (pp.342-386).


SUR LES GENS A LA MODE ET LE BON TON. Duclos, Charles (1704-1772), Considérations sur les moeurs de ce siècle, 1751. Il s’agit de l’année de la première édition qui vit en paraître plusieurs : celle-ci sans adresse, une avec l’adresse fausse d’Amsterdam, et une autre de P. Prault avec privilège. Il existe aussi une "nouvelle édition" de Prault fils de cette année ayant une approbation et un privilège du Roi. Au XVIIIe siècle, du fait de la censure, des éditions frauduleuses sans accord de l'écrivain, d'une recherche de liberté d'édition, on trouve des exemples sans éditeurs ou avec la mention de fausses adresses. Il est difficile de dire aujourd'hui dans quelle catégorie se situe cette édition qui est d'époque, en très bon état, avec une belle reliure du temps, plein veau, dos orné à nerfs, tranches rouges, coins légèrement émoussés.
« Sur les gens à la mode. De tous les peuples, le Français est celui dont le caractère a dans tous les temps éprouvé le moins d’altération […] Cette nation a toujours été vive, gaie, généreuse, brave, sincère, présomptueuse, inconstante, avantageuse et inconsidérée. Ses vertus partent du cœur, ses vices ne tiennent qu’à l’esprit, et ses bonnes qualités corrigeant ou balançant les mauvaises, toutes concourent peut-être également à rendre le français de tous les hommes le plus sociable. C’est-là son caractère propre, et c’en est un très-estimable ; mais je crains que depuis quelque tems on n’en ait abusé ; on ne s’est pas contenté d’être sociable, on a voulu être aimable, et je crois qu’on a pris l’abus pour la perfection. Ceci a besoin de preuves, c’est-à-dire d’explication. Les qualités propres à la société, sont la politesse sans fausseté, la franchise sans rudesse, la prévenance sans bassesse, la complaisance sans flatterie, les égards sans contrainte, et surtout le cœur porté à la bienfaisance ; ainsi l’homme sociable est le citoyen par excellence… Le bon ton dans ceux qui ont le plus d' esprit consiste à dire agréablement des riens, à ne se pas permettre le moindre propos sensé, si l' on ne le fait excuser par les grâces du discours, à voiler enfin la raison quand on est obligé de la produire, avec autant de soin que la pudeur en exigeait autrefois, quand il s' agissait d' exprimer quelque idée libre […] Soyons donc ce que nous sommes, n' ajoutons rien à notre caractère ; tâchons seulement d'en retrancher ce qui peut être incommode pour les autres, et dangereux pour nous-mêmes. Ayons le courage de nous soustraire à la servitude de la mode, sans passer les bornes de la raison. »



LES MOTS A LA MODE est une « petite comédie » d'Edme Boursault représentée pour la première fois en 1694, où, comme le dit l’auteur dans son ‘Epître’, sont dévoilées « dans leur jour toutes les extravagances de la Mode, & toute l’impertinence des faux Nobles ». Cette comédie s’inspire d’un « petit livre intitulé, Les Mots à la Modes, vendu chez Barbin » : Des Mots à la mode et des nouvelles façons de parler. Avec des observations sur diverses manières d’agir & de s’exprimer. Et un Discours en vers sur les mêmes matières, Claude Babin, 1692, par François de Callières (1645-1717) qui le fait suivre en 1693 : Du bon et du mauvais usage dans les manières de s'exprimer, des façons de parler bourgeoises et en quoy elles sont différentes de celles de la Cour . Ces deux livres sont consultables sur Internet sur : http://gallica.bnf.fr. Dans notre comédie, des femmes voulant se départir de leurs « vestiges bourgeois » cherchent à paraître des dames de qualité en usant de mots nouveaux. Un de leur mari découvre des notes de son épouse et en les lisant se croit cocufié. Il s’agit en fait des dépenses des derniers habits, coiffures et parures de sa femme qui portent des noms prêtant à confusion. C’est un témoignage intéressant sur la mode à cette époque, du paraître, des extravagances et surtout des situations cocasses dont elle peut être à l’origine. On s’y moque aussi de fournisseurs comme « Monsieur Coquerico, Marchand de Savonnettes » ou « d’un bon Marchand à grande porte cochère, où l’étoffe par aune est d’un écu plus chère ». Cette pièce est incluse dans : Boursault, Edme (1638-1701), Pièces de théâtre, Paris, Jean Guignart, 1695, in-12, contenant : Lettre d’un théologien […] pour savoir si la Comédie peut être permise ou doit être absolument défendue, 1694 ; Germanicus, tragédie, 1694 ; Marie Stuart, tragédie, 1691 ; La Comédie sans titre, 1694 ; Phaëton, comédie, 1694 ; Méléagre, tragédie, suivie de La fête de la seine, 1694. La pièce qui nous intéresse est la dernière : Les mots à la mode, petite comédie, 1694 (15 sept. 1694), (6) ff., 42-(4bl.) pp. Première édition. Il s’agit d’un format in-12, dans sa couverture d’origine usée, en veau moucheté, avec un dos à nerfs orné. Petits accidents. Légère déchirure sans atteinte au texte du f. e1 de Phaëton. Recueil collectif du libraire Jean Guignart, à paginations et pages de titre séparées. Ensemble solide, intérieur assez frais et complet.
Extrait : « NANNETTE. Ce qui dans cet Ecrit vous paraît des injures sont des noms que l’on donne aux nouvelles parures. Une Robe de Chambre étalée amplement, par certain air d’Enfant qu’elle donne au visage, est nommée Innocente, & c’est du bel usage. Ce Manteau de ma sœur si bien épanoui, en est un.
Monsieur JOSSE. Cela est une Innocente ?
BABET. Oui. Sont-ce là des Sujets pour vous mettre en colère ?
NANNETTE. Voilà la Culebute, & là le Mousquetaire.
BABET. Un beau Nœud de brillants dont le Sein est saisi, s’appelle un Boute-en-train, ou bien un Tâtez-y. Et les habiles Gens en Étymologie, trouvent que ces deux mots ont beaucoup d’énergie. »
NANNETTE. Une longue Cornette, ainsi qu’on nous en voit, d’une Dentelle fine, & d’environ un doigt, est une Jardinière : Et ces Manches galantes laissant voir de beaux bras ont le nom d’Engageantes.
BABET. Ce qu’on nomme aujourd’hui Guêpes et Papillons, ce sont les Diamants du bout de nos Poinçons ; qui remuant toujours, & jetant mille flammes, paraissent voltiger dans les cheveux des Dames.
NANNETTE. L’homme le plus grossier & l’esprit le plus lourd sait qu’un Laisse-tout-faire est un Tablier fort court : J’en porte un par hasard qui sans aucune glose, exprime de soi-même ingénument la chose.
BABET. La coiffure en arrière, & que l’on fait exprès pour laisser de l’oreille entrevoir les attrais, sentant la jeune folle, & la Tête éventée, est ce que par le Monde on appelle Effrontée.
NANNETTE. Enfin, la Gourgandine est un riche Corset entr’ouvert par devant à l’aide d’un Lacet : Et comme il rend la taille & moins belle & moins fine, on a crû lui devoir le nom de Gourgandine. Vous avez pris l’alarme avec trop de chaleur. »

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