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Collection Contes et Fables |
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A la fin
du XVIIe siècle, les Modernes s'affichent en opposition aux Anciens.
Ici mouvement littéraire et artistique, la modernité c'est aussi la
dernière mode, le plus souvent celle de la jeunesse.
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LES
MODERNES. Fontenelle, est à l'origine de ce que l'on appelle
la querelle entre les Anciens et les Modernes. Ce livre, datant de
l'époque de l'auteur en est un exemple. Fontenelle, Bernard Le Bouyer
de (1657-1757), Poésies pastorales, avec un Traité sur la nature
de l'églogue, et une digression sur les anciens et les modernes,
Paris, M. Brunet, 1708. 3e éd., in-12, format 9,5 x 16 cm. Pleine
reliure cuir d'époque en état satisfaisant, dos à nerfs, pas de titre,
cuir légèrement frotté, une coiffe usée, charnières solides, reliure
solide, tranches rouges. 319 pages + Table et Privilège. Complet.
Ouvrage illustré de nombreux bandeaux, culs de lampe et lettrines. Bon
état intérieur, papier jauni et quelques petites rousseurs très
éparses. La première édition est parisienne : chez M. Guérout et
date de 1688, semble-t-il. Ce livre contient des Eglogues,
une Pastorale, un Discours sur la Nature de l’Eglogue,
une Digression sur les Anciens & les Modernes, des Pöesies
Diverses. Il s’agit d’une édition augmentée ‘Avec Privilège du
Roy’ publiée du temps de l’auteur. La partie appelée Digression
sur les Anciens & les Modernes, concerne une joute esthétique
importante. La querelle des Anciens et des Modernes est récurrente ;
dans l’Antiquité, par exemple chez l’auteur de théâtre comique romain
Térence. Bernard Le Bouyer de Fontenelle fait explicitement référence à
celle dont il est l’un des acteurs et qui trouve son apogée à la suite
de la lecture par Charles Perrault vers 1688 de son poème Le
Siècle de Louis XIV dans lequel il proclame la primauté de la
littérature du temps. La première édition de Digression sur les
Anciens & les Modernes date justement de cette année là et
suit directement ce poème. Les partisans de la suprématie antique se
recrutent surtout à la Cour et dans la génération classique (Boileau,
Racine, La Fontaine, Bossuet, La Bruyère). Leurs adversaires sont
plutôt des auteurs jeunes (Charles Perrault, Fontenelle), des mondains
et des amateurs de genres nouveaux (opéra, contes, romans). En 1708,
époque de la parution de notre livre, l’antagonisme est beaucoup moins
virulent mais continue à être à l’ordre du jour. le sujet est toujours
d’actualité, jusque vers, semble-t-il, 1714-1716.Le reste du livre est
tout aussi intéressant pour notre sujet car il offre des Eglogues, une
Pastorale, un Discours sur la Nature de l’Eglogue et des Pöesies
Diverses. Fontenelle explique le genre littéraire qu'est la pastorale,
en dévoilant toute sa subtilité, sa philosophie et son élégance. Il
montre que ce genre est très répandu durant l'Antiquité, mais que dans
la France du XVIIe siècle il est particulièrement abouti. Le terme d’’
Églogue’ provient du verbe grec eclegô qui signifie ‘cueillir
parmi...’. On utilisait ce mot pour parler de choix ou d’un morceau
choisi. Des écrivains anciens présentaient ainsi une ou plusieurs de
leurs poésies, comme si elles avaient été sélectionnées parmi d’autres
de leur production. Les pièces de Virgile rassemblées dans les Bucoliques,
ont été appelées de la sorte ; et les modernes, en se référant à
ce prestigieux exemple, donnèrent ce nom à tout poème pastoral. Ce
livre de Bernard Le Bouyer de Fontenelle est singulièrement
intéressant, puisque l’auteur publie à la fois de ses propres églogues
et une explication de ce courant. Ainsi parle-t-il d’auteurs anciens
comme Virgile et Théocrite, et plus récents comme Honoré d’Urfé dont le
roman pastoral L’Astrée influença beaucoup les Précieuses du
XVIIe siècle. La littérature pastorale qui remonte à l’Antiquité la
plus tardive était un véritable courant artistique qui était plus que
littéraire mais véhiculait une philosophie et esthétique d’une beauté
et d’une finesse remarquables, réminiscences peut-être d’un âge d’or,
que l’on retrouve dans tous les arts du XVIIIe siècle. Du reste, les
auteurs de pastorales (en particulier au XVIIIe siècle) font souvent la
différence entre de vrais bergères et bergers et ceux qu’ils inventent.
Passages :
« […] je ne goûte point trop que d'une idée galante, on me
rappelle à une autre qui est basse, et sans agrément. » « On
ne prend pas moins de plaisir à voir un sentiment exprimé d'une maniere
simple, que d'une maniere plus pensée, pourveu qu'il soit toûjours
également fin. Au contraire, la maniere simple de l'exprimer doit
plaire davantage, parce qu'elle cause une espece de surprise douce, et
une petite admiration. On est étonné de voir quelque chose de fin et de
délicat sous des termes communs, et qui n'ont point esté affectez, et
sur ce pied-là, plus la chose est fine, sans cesser d'estre naturelle,
et les termes communs sans estre bas, plus on doit estre touché.
(pp.179-180). » « Quand je lis d’Amadis les faits
inimitables, / Tant de Chasteaux forcez, de Geants pourfendus, / De
Chevaliers occis, d’Enchanteurs confondus, / Je n’ay point de regret
que se soient-là des Fables. / Mais quand je lis l’Astrée, où dans un
doux repos / L’Amour occupe seul de plus charmans Heros, / Où l’amour
seul de leurs destins decide, / Où la sagesse mesme a l’air si peu
rigide, / Qu’on trouve de l’amour un zelé partisan / Jusque dans
Adamas, le Souverain Druide, / Dieux, que je suis fâché que ce soit un
Roman ! / --- / J’irais vous habiter, agreable Contrées, / Où je
croirais que les Esprits / Et de Celadon & d’Astrée / Iraient
encore errans, des mesmes feux épris ; / Où le charme secret
produit par leur presence, / Ferait sentir à tous les cœurs / Le mépris
des vaines grandeurs, / Et les plaisirs de l’innocence. / --- / O rives
de Lignon, ô plaines de Forez, / Lieux consacrez aux amours les plus
tendres, / Montbrison, Marcilli, noms toujours pleins d’attraits, / Que
n’estes-vous peuplez d’Hilas & de Silvandres ! / Mais pour
nous consoler de ne les trouver pas, / Ces Silvandres, & ces Hilas,
/ Remplissons nostre esprit de ces douces chimeres, / Faisons-nous des
Bergers propres à nous charmer, / Et puisque dans ces champs nous
voudrions aimer, / Faisons-nous aussi des Bergeres. […] » Poésies
pastorales. Alcandre. Premier églogue. A Monsieur…
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LE
MEPRISANT DES VIEILLES MODES. « Le Méprisant des vieilles
modes. »
Gravure de 21,6x15,3 cm. « Se vend à Augsbourg au Négoce commun de
l'Académie Impériale d'Empire, sous son Privilège et avec défense de
n'en faire ni de vendre de Copies. » |
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LE
MEPRISANT DU
MODERNE. Estampe très intéressante de la fin du XVIIIe siècle,
montrant un homme continuant à suivre la mode ancienne, refusant la
modernité que symbolisent les Merveilleuses et les Incroyable. Gravure
humoristique allemande dessinée et gravée par l’Allemand Josef Franz
von Göz (1754-1815). Le texte est en Français avec comme autres
indications : « Se vend à Augsbourg au Négoce comun. de
l'Académie Impériale d'Empire des Arts libéraux avec Privilège de Sa
Majesté Impériale et avec Défense ni d'en faire ni de vendre les
Copies ». Dimensions : 14,3 cm x 22 cm sans les marges.
Inscription ‘n°46’ en haut à droite. Cette estampe est tachée et la
marge a été pliée pour entrer dans un cadre anciennement. Cette
caricature est une critique des personnes ne suivant pas la mode
française et restant dans le style ancien. |
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DES CAUSES DE LA
CORRUPTION DU GOUT. Dacier, Anne, Des Causes de la
Corruption du Goust, Paris, Rigaud, 1714. In-12 (10 x 17
cm), 614-(5) pp. Reliure de l’époque, pleine basane brune, dos à
cinq nerfs, pièce de titre en maroquin rouge, dorures passées, coiffes
endommagées, plats usés en particulier à leurs extrémités. Intérieur
complet et en bon état. Ex-Libris gravé et ancien. Vignettes.
Il s’agit de l’édition originale (1 ère édition) de cet ouvrage d’Anne
Dacier (1674-1720). Il est à l’origine de la seconde querelle des
Anciens et des Modernes connue sous le nom de ‘Querelle d'Homère’.
Voici ce qu’on peut lire sur Wikipédia à ce sujet et sur Anne
Dacier : « Elle publia en 1699 la traduction en prose de l’Iliade,
qui devait être suivie neuf ans plus tard d’une traduction semblable de
l’Odyssée, qui lui a acquis la place qu'elle occupe dans les
lettres françaises. Cette traduction qui découvrit Homère à beaucoup
d’hommes de lettres français, dont Houdar de la Motte, fut également
l’occasion d’une reprise de la querelle des Anciens et des Modernes
lorsqu’Houdar publia une version poétique de l’Iliade abrégée
et modifiée selon son propre goût, accompagné d’un Discours sur
Homère, donnant les raisons pour lesquelles Homère ne satisfaisait
pas son goût critique. Anne Dacier répliqua la même année avec son
ouvrage intitulé Des causes de la corruption du goût. Houdar
poursuivit gaiement le débat en badinant et eut la satisfaction de voir
l'abbé Terrasson prendre son parti avec la publication en 1715, d’un
ouvrage en deux tomes intitulé Dissertation critique sur L'Iliade
où il soutenait que la science et la philosophie, et particulièrement
celles de Descartes, avaient tellement développé l’esprit humain que
les poètes du XVIIIe siècle étaient considérablement supérieurs à
ceux de la Grèce antique. La même année, Claude Buffier publia Homère
en arbitrage où il concluait que les deux parties avaient convenu du
point essentiel selon lequel Homère était l’un des plus grands génies
que le monde avait vus et que, dans l’ensemble, on ne pourrait préférer
aucun autre poème au sien. Peu après, le 5 avril 1716, Anne Dacier et
Houdar trinquèrent à la santé d’Homère lors d’un dîner chez
Jean-Baptiste de Valincourt. » Anne Dacier est aussi célèbre pour
ses traductions du grec ou du latin comme celles de Térence.
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LE MERCURE GALANT.
Mercure galant, Octobre 1678, Lyon,
Thomas Amaulry, 1678. Le Mercure galant (dont la première
parution date de 1672) est le périodique des Modernes de la fin du
XVIIe siècle (Charles Perrault, Fontenelle …). En 1724, il change son
titre en Mercure de France jusqu’en 1825. Voilà ce que l’on
peut lire dans http://revel.unice.fr :
« Le Mercure galant fut « moderne » avec
passion. Contre les « Anciens » […] « l’auteur du
Mercure » alla sentir le vent de la modernité à Versailles dans
l’entourage de Colbert où l’actif et fort politique Charles Perrault
distribuait pensions et conseils avisés. De Visé publia un jeune
Normand de talent, Fontenelle, de surcroît neveu des Corneille, les
porte-drapeaux du bon théâtre contre l’auteur de Phèdre et ses trop
galantes rapsodies. Plus tard, il imprima dans son journal les premiers
contes de Perrault, et donna à Thomas Corneille une espèce de droit de
succession à ce que l’auteur des Caractères appelait l’Hermès galant en
le qualifiant d’« immédiatement au-dessous de rien ». Les
anciennes gloires féminines de la préciosité ralliées au monarque
triomphant, Mlle de Scudéry puis Mme et Mlle Deshoulières, annonçaient
d’autres gloires féminines comme Mlle L’Héritier, nièce des Perrault ou
Catherine Bernard, protégée de Fontenelle. Le Mercure
accueillait volontiers leurs vers et se faisait une réputation d’ami
des dames contre des Anciens, tout juste capables de vaticiner de
vieilles rengaines et des « satires contre les femmes ». »
D’après Rayomnd Gaudriault ( La Gravure de mode féminine en France,
Paris, Les éditions de l’amateur, 1983), les deux estampes de mode
présentent dans cet ouvrage font partie des « premières véritables
gravures de mode françaises » (p.19). « A la demande de
Donneau de Visé, directeur du Mercure Galant, il [le célèbre
Bérain (1640-1711)] dessine pour la gazette les costumes que va graver
le Pautre. » (p.18). Il s’en suit 10 planches (125x100 mm) donc 5
suivant les habits de saisons avec pour l’Hiver deux planches publiées
dans le Mercure Galant d’Octobre 1678. La date de 1678
marquerait donc les premières gravures de modes présentées dans une
publication périodique (p.34). Ici, la mode du temps est décrite des
pages 237 à 253, avec deux gravures l’une avec un cavalier, et une
autre avec une dame, tous deux en « Habit d’Hiver » avec
l’inscription de l’année en toutes lettres. Ces estampes illustrent le
texte qui comme d’habitude est sous la forme d’une lettre adressée à
une dame. On y parle de la mode qui sera dans le prochain hiver 1678.
On en profite pour faire un peu de publicité pour des fabricants et
marchands comme « Monsieur Gaultier de la Couronne Rue des
Bourdonnois » ou « le Sieur Charlier » qui a « son
Magazin à Paris Rue de la Coutellerie, au Cerceau d’or ». On
décrit ensuite les gravures. Il s’agit là d’un document de premier
ordre dans l’histoire des gravures et revues de modes. L’ouvrage
est dans sa reliure de l’époque cependant très usée avec des galeries
superficielles. L’intérieur est en assez bon état. La plupart des pages
sont jaunies. Il contient outre les gravures déjà mentionnées, le plan
du pont de Strasbourg et de ses trois forts (une déchirure), une
planche de médailles (une déchirure). Et deux airs avec leur partition.
Il manque une autre partition et « L’Enigme en figure ».
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Chez des antiquaires amis : |
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En vente chez
l’antiquaire Christian Pécout à Mont Louis sur Têt : L’ORANGE
OU LE MODERNE JUGEMENT DE PARIS. Aquatinte du début du XIXe
siècle de Louis-Philibert Debucourt (1755-1832) dessinateur et
sculpteur, de 44 x 33 cm. Baguette en Acajou. Cette gravure présente de
jeunes gens jouant le jugement antique de Pâris. Au lieu d’une pomme
d’or sur laquelle est marquée « à la plus belle », c’est une
orange qui est offerte à la gagnante. C ’est un Incroyable aux cheveux
courts « à la Titus » (voir rubrique « Coiffures »)
qui joue le rôle de Pâris et trois Merveilleuses ceux d’Héra, Athéna et
Aphrodite.
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