Visite de l’exposition Dans les armoires de l’impératrice
Joséphine : La collection de costumes féminins du château de Malmaison.
Cet article fait suite à celui
de mon blog visible ici.
Parcourons ensemble
l’exposition Dans les armoires de
l’impératrice Joséphine qui se déroule, jusqu’au 6 mars
2017,
dans le château de Malmaison ayant appartenu à Joséphine de Beauharnais
(1763 – 1814). Toutes les photographies sont prises par mes soins
dans ce château totalement réaménagé avec du mobilier de l’époque de
cette souveraine.
Les photographies ci-dessus sont
celles d’une vue extérieure du château et d’une de ses pièces, avec au
milieu une table de toilette d’époque Premier Empire, avec des pieds en
forme de lyre. On remarque en particulier les cygnes des fauteuils,
symboles du désir : dans la mythologie Zeus (Jupiter) s’étant
métamorphosé en cet animal afin de séduire Léda. L’Antiquité étant très
à la mode à cette époque l’évocation n’est pas anodine. On retrouve des
cygnes sur la frise extérieure du tapis de sol, avec en son centre un
paon faisant la roue. Ce dernier possède aussi une emblématique forte
avec les yeux de ses plumes rappelant d’être vigilant, mais aussi
un symbole d’immortalité et de beauté : on croit qu’il mange du
poison et en devient encore plus beau et fort. Le style du mobilier
est bien sûr antiquisant, avec ses formes simples et angulaires, ses
motifs à palmettes, rosettes, médaillons, etc.
Sur le portrait de gauche, qui
reprend sans doute (je n’ai pas pris
note du cartel) celui de baron Gérard (1770 - 1837), l’impératrice
porte une robe aux épaules bouffantes et à crevés, ainsi qu’une
collerette sans doute en dentelle, appelée durant le Premier Empire : «
chérusque ». Tout cela rappelle le XVIe siècle, remis déjà à la mode
dès le début du XIXe, après et pendant la vogue de l’anticomanie.
À droite nous avons un autre
portrait, dont je n’ai pas noté le nom,
avec une chérusque. L’habit noir de cette jeune femme est en harmonie
avec ses cheveux et ses yeux du même ton, tout cela faisant ressortir
la blancheur de sa peau, dont la délicatesse est soulignée par
l’adjonction de cette gracile collerette de dentelle qui encadre son
visage et son cou. On ne distingue aucun maquillage, la mode étant
alors au naturel, en opposition à ce qui s’apparente à de la véritable
peinture au XVIIIe siècle et aux siècles précédents (depuis
l’Antiquité). Ses cheveux aussi présentent un certain ‘négligé’ à la
mode en particulier autour de 1830 (époque Romantique). Le portrait de
gauche est par contre une image officielle de l’impératrice en habit de
cour… qui est même celui du sacre de Napoléon.
Avant de commencer sur
l’exposition, déambulons dans la château où Joséphine habite et même
meurt, au milieu de son réaménagement, ce bâtiment étant un
musée depuis 1904, grâce au lègue à l'État français de Daniel Iffla,
avec
sa collection napoléonienne. Les lègues sont primordiaux dans
l’histoire de ce musée et de ses collections. La plupart des habits en
sont, notamment quelques-uns de dons de Napoléon III, et autres
descendants plus récents.
Ci-dessous nous avons une salle
où là toujours les références à l’Antiquité sont nombreuses. Le
portrait en pied de l'impératrice Joséphine par Henri-François Riesener
(1767-1828) est particulièrement intéressant pour son contrapposto,
c’est à dire son déhanchement, le poids du corps reposant sur une
jambe, à la manière de certaines statues antiques.
Ci-dessous un nécessaire de
toilette de Joséphine datant de 1806 avec un portrait de Napoléon.
Coffret sans doute de
toilette.
Les grands miroirs (psychés)
dans lesquels on peut se voir en pied sont très en vogue au début du
XIXe siècle. De nouveaux procédés de fabrication de miroirs de grandes
tailles apparaissent sans doute à la fin du XVIIIe siècle.
Table de toilette avec une
aiguière et son bassin pour se laver.
Après
avoir parcouru de
nombreuses salles, on monte jusqu’à la salle des atours où à l'époque
sont rangés les vêtements de Joséphine. Une grande partie des placards
de l’époque sont
conservés avec pour certains des restes de leur aménagement
intérieur : tiroirs, etc.
Chemises, bas, jupons, et d’autres objets intéressants sont exposés
dans cette salle.
Sur la photographie un jupon est
posé sur une chaise et encadré de deux chemises. Celles-ci ont encore
l’aspect d’une tunique comme c'est le cas durant l’Antiquité (la
camisia
des Gaulois). Dans la première moitié du XXe siècle, les chemises pour
hommes sont encore assez longues.
Plusieurs autres choses
retiennent l’attention dans cette salle comme un coffret à linge de
l’impératrice en velours de soie bleu brodé de fils métalliques dorés,
contenant sans doute des
accessoires pouvant lui servir : mouchoirs, châle, etc. Ci-dessous nous
avons l’exemple d’un de ses mouchoirs, en « toile de lin, fil de coton
», dont la taille est impressionnante. À côté se trouve l’un de ses
corselets, ancêtres du soutien-gorge. Celui-ci est en pékin de soie
broché (brodé de fils de soie) avec une doublure de « coton gratté ».
Ci-dessous chiffre de
l’impératrice brodé sur le mouchoir.
Ci-dessous garniture de cheveux
et bonnets.
La visite se poursuit dans deux
salles consacrées aux robes et manteaux. Certains sont des exemples
d’habits de cour. D’autres sont plus modestes mais toujours de qualité
et en bon état de conservation. On peut observer la beauté des
broderies, en particulier métalliques, des dentelles, des tissus, etc.
La qualité de leur conservation et celle de leur entretien sont
remarquables. Ci-après quelques robes, châles, bonnet, chaussures...
Article
publié
le 8 décembre 2016 par LM
© La Mesure de l'Excellence
|
Quelques objets sur la mode ancienne mis en vente le 26
novembre.
La première est intitulée Le Barbier.
Elle est particulièrement
intéressante car représentant un homme sous Louis XIII à sa toilette,
plus particulièrement au moment où il se fait boucler la moustache par
un barbier qui utilise un fer à friser qu’un garçon chauffe sur un
réchaud.
Le moment gravé dans la seconde
estampe est celui d’une promenade dans
une galerie du Palais-Royal où sont installés un couple de libraires,
un autre de merciers et un troisième de marchands de draps
(dentelles…). Au centre de la scène, un homme montre un éventail à une
dame et sa compagnie.
Photographie
ci-dessous : Journal des Dames et
des Modes. « Costumes Parisiens ». 1801-1802.
Photographie
ci-dessous : « Réticule
(dit aussi ridicule ou « indispensable
») d’une « Merveilleuse » à deux faces et rabat rigide articulés, gainé
de chagrin rouge à profil de citrouille, intérieur taffetas de soie
vert. Sur la face de parement moulé, les côtes sont soulignées d’un
jonc métallique. Au sommet du rabat, la queue recourbée de la
citrouille est en acier poli découpé comme le fermoir. 14,5 x 19 cm.
Cet accessoire voyant à connotation humoristique était d autant plus
remarqué qu il se portait sur une robe chemise de mousseline blanche.
Fabrication parisienne, vers 1800, tel que reproduit dans les albums de
Pierre de La Mésangère. »
Article
publié
le 23 novembre 2016 par LM
© La Mesure de l'Excellence
|
Jeune femme à sa toilette en 1515 par Giovanni Bellini.
Je vais ici analyser une œuvre
liée à la toilette, une peinture du vénitien Giovanni Bellini dit
Giambellino (vers 1425-1433 – 1516), appelée en français d’une manière
très originale Jeune femme à sa
toilette et conservée au Musée d'Histoire de l'art de Vienne.
Elle date de 1515.
Une femme est dans son
intérieur, presque entièrement nue, près d’une
fenêtre d’où on contemple une nature qui indique que l’on est au moment
de l’aurore ou du crépuscule. Un miroir est placé derrière sa tête lui
permettant de voir dans un autre plus petit le dos de sa chevelure.
Ce
premier miroir fait penser à un soleil ou une lune encerclant sa tête
comme pour une sainte, faisant de cette dame un être divin, une
divinité solaire ou lunaire, une Vénus ou une Diane, selon qu’elle se
prépare pour le jour ou pour la nuit. Il s’agit plus certainement du
premier cas, car sa coiffure rappelle celle qui protège les cheveux
durant le sommeil. Son corps se lève brillant, comme la lumière de
l’astre diurne encore diffuse, mais prometteuse d’une grande clarté.
Sur le rebord de la fenêtre un flacon transparent comme la rosée
contient une solution de toilette, sans doute un lait dont elle va se
laver le corps, si ce n’est déjà fait, avec l’éponge posée au-dessus,
donnant à sa peau cette teinte fraîche, délicate et d’un blanc crémeux.
Cette blancheur, sa beauté, se détache particulièrement sur le fond
sombre, la faisant surgir du néant, pour une renaissance, celle d’un
jour qui s’annonce prometteur.
Le moment de passage qu’est la
toilette
matinale est particulièrement bien retranscrit, cet état intermédiaire
qu’elle implique, cette atmosphère
spéciale. Cela conduit nos sens à
presque ressentir la peau du modèle, toucher la subtile évanescence de
son
visage, à sentir l’odeur de son épiderme mêlée à celle de son lait de
toilette exposée à la lumière de l’aurore, à la rosée matinale, à la
féerie de ce moment.
Peut-être le flacon contient-il
plus simplement du
lait avec au-dessus du raisin : petit-déjeuner matinal mais aussi
signes de civilisation, avec derrière des habitations dessinées
méticuleusement.
Le drap du lit est enroulé
autour de cette femme, comme un cordon ombilical
la reliant encore au monde du rêve dont elle s’extrait, comme le jour
s’extrait à la nuit. Ce drap froissé a la couleur d’une chair
intérieure (celle de ses lèvres, du désir). Il rappelle la création, le
surgissement de l’art depuis la matière brute, cet acte d’amour.
Apparaît une Vénus.
À l’opposé du drap froissé et
virginal, un tissu
repassé aux figures géométriques annonce le passage vers la
civilisation et vers l’œuvre achevée. Un billet doux posé sur cette
étoffe évoque cette réalité prometteuse, cette civilisation de
plaisirs pour laquelle elle se prépare. Ce mot achève aussi la toile,
la
signe avec la signature du peintre qui y est inscrite ainsi que la date
de cette création.
Le visage de cette femme est
beau. Son corps est
frais, encore endormi , dessiné avec minutie. Le décor sombre fait
ressortir ce corps, mis en parallèle avec le paysage, sa lumière, la
délicatesse et la réalité de sa chair.
Les miroirs renvoient aussi à la
réalité de la peinture, ou plutôt à son reflet, son artifice qui est de
même celui employé lors de la toilette. Dans celui du mur, le
spectateur devrait se voir, et même en premier lieu le peintre.
Celui-ci transcende son modèle pour extraire l’idéal, à travers son
œuvre qu’il crée et étreint par l’évocation du
miroir. Du reste cet idéal de beauté a rendez-vous avec l’artiste comme
le suggère le billet-doux ; cet idéal de beauté qu’il a créé, sorti du
néant, en le peignant, le faisant apparaître de ce fond sombre, comme
l’enfant naissant, comme l’œuvre de l’esprit faite matière, les étoiles
surgissant dans la nuit, la lune, le soleil, la lumière. Le spectateur
lui aussi embrasse cette beauté, entre en elle, dans la peinture par ce
jeu de miroirs, et goûte la chair du modèle, son parfum, cette
atmosphère de plaisir, sa douce
réalité, sa perfection… et la perfection de la composition.
Si dans cette œuvre nous sommes
dans ce moment intermédiaire qu’est la
toilette, celui où l’on passe du monde des rêves à la réalité, on est
aussi dans celui de l’acte de création.
Article
publié
le 8 novembre 2016 par LM
© La Mesure de l'Excellence
|
Photographies anciennes de mode
Photographies du catalogue
Article
publié
le 19 octobre 2016 par LM
© La Mesure de l'Excellence
|
Poser
Photographies ci-dessus du
livre Les Petits-maîtres de la mode (XIIe-XXIe siècles).
Photographies ci-dessous
du livre Les Poses de la collection
Illustration de Mode de Maite Lafuente, Javier Navarro et Juanjo
Navarro (Maomao publications, Espagne, 2007).
Article
publié
le 16 septembre 2016 par LM
© La Mesure de l'Excellence
|
Très Belle Période Estivale à Tous !
Assiettes du XIXe siècle de la
série « Aux bains de mer » avec ci-dessus : « (11) Marquise, je vous
présente mon neveu Raoul de St Estèphe. », et ci-dessous : « (8) Le
défilé des beaux hommes. »
Article
publié
le 9 juillet 2016 par LM
© La Mesure de l'Excellence
|
|